Programme du Front de Gauche<o>
(l'humain d'abord)

UNE CRITIQUE

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Ce Programme propose : - des réformes socio-économiques fondées sur la revendication "Partager les richesses"<o>; - des réformes politiques compatibles avec ces réformes socio-économiques dans un processus démocratique, participatif; - des modes de conduite envers les Autres Pays (Europe, Reste du monde).

On part d'un principe d'action : le partage des richesses, comme déterminant d'une réorganisation socio-politique. Se posent les questions : - des conditions du "partage" (entre qui, pour quoi faire); - de la capacité et de l'éventualité de réaliser cette réorganisation.

P L A N [= Table des Matières cliquable]

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Les Points Forts<o>

La cohérence

D'abord, la cohérence d'ensemble : des préoccupations humaines, "sociales" en termes de solidarité et de responsabilité, viennent justifier les propositions d'action. On peut donc en retenir l'impression globale d'une orientation vers un meilleure existence sociale, - si cela peut se réaliser comme prévu. Ce qui, dans une ambiance de "crise des valeurs" (autres que monétaires!), est une notable gageure. (Oser parler de "l'humain" et espérer être pris au sérieux, bravo!)

Ensuite, une cohérence dans l'"armature" du Projet : - Le "Partager les richesses" s'articule avec "Reprendre le pouvoir aux banques et aux marchés financiers", ce qui rend possible la mobilité des richesses actuellement accaparées par les pouvoirs financiers; - "La planification écologique" et le "Produire autrement" s'articulent avec la volonté d'un "contrôle citoyen" à des fins d'"émancipation humaine".

La consistance

Tous les éléments d'organisation sociale (qu'on pourrait désigner comme "le socio-économico-politique") sont intégrés en un socle de Projet (complet dans ses grandes lignes) d'amélioration de la société.

Le Projet traite des besoins (santé, éducation, culture, participation ...) à satisfaire en tant que buts à atteindre, ainsi que des structures économiques et des institutions politiques (en France, en Europe) à réformer en conséquence.

La finalité

Ce Projet dépasse la perspective d'aménagement, en vue d'en corriger les dysfonctionnements, du système socio-politique existant en ce qu'il oppose aux modes de fonctionnement socio-économique actuels une pratique de l'"efficacité sociale"[p. 27].

Ainsi il engage pleinement une Réforme "systémique", en opposant de fait le principe de l'efficacité sociale au principe selon lequel le meilleur état social résulte de l'effort d'enrichissement individuel maximal par le libre jeu de la concurrence entre les personnes et les groupes sociaux. C'est s'opposer à la domination résultant du dit "libéralisme"(1) économique, dont l'ultra-libéralisme exprime la pureté idéologique, qui consacre les privilèges exorbitants d'une infime minorité aux dépens des travailleur(e)s.

La lisibilité

Assez court pour être aisément lu en entier, il peut aussi être parcouru en partant de ce qui suscite le plus notre intérêt, selon nos préoccupations. À louer aussi l'effort de présentation et d'explication des mots et sigles employés.

Les Points faibles

Le flou sur le "partage"<o>

"Partager" requiert de définir et justifier les biens à partager et les proportions de la répartition.

On peut supposer acquise, de la part du/de la lecteur/trice, une réflexion le/la conduisant à une telle revendication (de partage). Mais une telle réflexion doit dépasser le stade de l'impulsion contestataire d'une situation sociale éprouvante, car il s'agit d'obtenir l'adhésion de citoyen(ne)s prêt(e)s à défendre une conception du partage avec détermination et persévérance.

Car la question première, dont la réponse (collective) est à construire, est : "Quelle inégalité<o> nous est désormais inacceptable et donc, par contraste, quel degré d'égalité nous paraît souhaitable ?".Le "partage" reste flou si on ne pose pas la question de l'égalité, c.-à-d. de l'égalité manquante, de l'inégalité constatable, - des critères d'une (in)égalité acceptable ou non.

Vouloir toujours plus est vieux comme le monde, et constatable tant dans l'Histoire que dans le processus de socialisation d'un enfant. Et vouloir plus d'égalité n'a vraiment de sens pratique que par l'affirmation d'objectifs et de critères du partage.

Car si je veux le dit "partage" seulement parce que j'ai moins que d'autres et que je veux le plus possible sans considération des Autres, irai-je, si j'en ai le pouvoir, jusqu'à dépouiller n'importe qui à mon profit? Le "partage" doit être distingué de l'"accaparement"<o>; il faut savoir avec qui je veux partager quoi, dans quelle proportion et selon quels critères.

L'élaboration d'une conception de l'égalité souhaitable - par rapport à l'inégalité inacceptable - est nécessaire pour générer une solidarité<o> promouvant une "justice sociale" comme fondatrice de la société humaine.

Et l'incertitude sur le degré et la "substance" de la solidarité à mettre en œuvre entraîne une certaine indétermination entre le souhaitable et le réel à promouvoir, une justification imprécise des mesures à prendre; - ce qui amoindrit la portée de ce Programme en tant que projet de refondation socio-économique.

L'insuffisante "effectivité" des propositions

| Entendons par "effectivité"<o> la propriété d'être susceptible d'effet. Ce qui comprend l'étude de la faisabilité des mesures, y compris l'explication de leur justification et de leur possible mise en œuvre dans le temps de leur réalisation. Ainsi une proposition peut être considérée comme "faisable" dans des conditions définies mais ne jamais pouvoir devenir effective/éventuelle parce que ces conditions ne peuvent advenir.

Ainsi l'imprécision sur le volume de la production atteignable et sur le "partage" de sa valeur font que le "Augmenter les salaires<o>" paraît vain, même "racoleur", dans un contexte actuel où des salarié(e)s sont parfois contraint(e)s d'accepter - syndicats consentants ou impuissants - des diminutions de salaire!, - la "vraie" question étant de savoir comment cela est ou devient possible.

Et à défaut d'"effectivité", les propositions apparaissent plus comme des intentions et des souhaits que comme des réalités tangibles, ce qui amoindrit la crédibilité du discours.

L'"effectivité" des intentions

Si,je[un "je" pluri-personnel] suis loin d'être "au clair" sur le mode de partage souhaité avec les Autres (personnes) (citoyen(ne)s du même pays, ou d'une Région, ou de la Terre, il m'est difficile de situer ma participation au Projet considéré.

Chacun(e) doit, en son "for intérieur", se situer sur ce qu'il/elle est prêt(e) à soutenir durablement comme intentions<o> de souhaits et objectifs à réaliser.

Le défaut est ici l'adhésion fragile et souvent éphémère à cause d'intentions peu ou mal assurées ou assumées.

L'"effectivité" du "collectif"

Ensuite, je me dois de réfléchir aux intentions des Autres avec qui œuvrer à la conception et réalisation (au moins partielle), et (ré)évaluation du Projet. Afin d'assurer un soutien collectif durable, une solidarité dans le temps - d'autant plus nécessaire que les conditions de réalisation du Projet sont/seront ardues.

Les conditions de la coopération requise sont à examiner : - entre partis politiques; - entre pays selon les liens établis et/ou à refonder (au sein de l'Europe et au-delà ...).

Il nous faut forger une volonté politique durable. Afin d'éviter les élans sans lendemains, ou des lendemains qui déchantent, - ne serait-ce que par manque de persévérance. Il nous faut, ensemble, "tenir la distance".

Le défaut est ici une coopération (au sein des organisations et entre elles) peu solide, peu résistante, - fragile.

L'"effectivité" procédurale<o>

L'articulation entre les divers aspects des systèmes qui interagissent (l'économique, le politique, le "social", le culturel ...) dans le temps doit être une préoccupation permanente.

Ainsi, la faisabilité des mesures, compte tenu de leur coût, c.-à-d. d'abord et toujours, le problème de leur financement (l'aspect financier/comptable). En liant cette exigence mathématique à l'analyse Coûts/Avantages et à une portée non limitée au court terme. Le but étant que la constitution de ressources et leur affectation à des emplois qui produisent une meilleure qualité de vie des personnes.

Le défaut est ici que des propositions puissent échouer (à entraîner une coopération, ou dans leur tentative de réalisation) parce qu'elles ne seraient pas articulées/coordonnées avec d'autres exigences.

L'insuffisante dynamique de changement<o>

Le nécessaire n'est pas seulement de dire ce qu'il faut faire (ce qui s'exprime par le "Ya qu'à ..." péjoratif); il faut instaurer une chaîne de décisions, conçues et appliquées, puis réévaluées, qui apportent les résultats souhaités, les rendant "attendus" (avec un certain degré d'effectivité).

Se pose le problème crucial, entre chaque étape, chaque état/stade du Système existant en changement, de la transition vers l'étape suivante.

Réfléchissons à tous les moyens efficaces d'évaluer, dans/pendant le processus de réalisation du Projet, les acquis et les insuffisances, en vue d'un progrès, par étapes, à suivre.

Exemples :

- Les "Pôles" financiers<o>

La proposition de créer des "Pôles" financiers publics doit s'accompagner d'une définition, au moins succincte, des ressources à constituer : des ressources déjà existantes, de nouvelles résultant de l'imposition à venir ou par recours à l'emprunt, c.-à-d. à l'épargne, dans quelle proportion?

Et il importe de définir ces ressources en proportion de l'emploi qu'on en envisage, avec des contributions variables des acteurs économiques.

Et si l'emprunt est retenu (et conçu comme largement ouvert, s'adressant à la population et se prévalant d'un engagement citoyen), son "rendement" se trouvera lié à la solution du problème de la Dette accumulée, car l'appel à l'emprunt national devra rencontrer l'adhésion des épargnant(e)s, lesquel(le)s seront échaudés et détournés si la Dette n'est pas "honorée", c.-à-d. si une partie est annulée avec perte pour les épargnants, grands et petits. La capitalisation des instruments financiers du développement socio-efficace et solidaire dépend, dans une certaine mesure, de la participation, fondée sur la confiance, des épargnants. [Voir ci-après la 'lacune' : 'Fuite des capitaux']

- Les mesures protectionnistes<o>

Toutes mesures (fiscales et autres) produisant des avantages relatifs pour un pays sont susceptibles de provoquer des "mesures de rétorsion" des autres pays s'estimant lésés dans les échanges, dont les réactions vont réduire l'avantage escompté du protectionnisme. Ce qu'on peut estimer ne pas être une raison de s'abstenir de mesures protectionnistes [c'est un débat à préciser sur ce qu'on en attend], mais alors, à terme et sauf à consacrer des conflits (économiques ou pire), il faut prévoir que la solution durable ne peut résulter que d'une négociation entre les pays économiquement liés, sur un "modus vivendi", un "corpus" d'avantages/inconvénients acceptables par les partenaires concernés.

Ceci valant autant pour les pays d'Europe que dans le "dialogue Nord-Sud" : aucune "avancée de solution" pour le développement des pays les plus pauvres ne peut se dispenser de la recherche d'accords sur les avantages et inconvénients consentis dans les échanges mondialisés (= un accord sur les "termes de l'échange").

Donc, un tel Projet n'étant jamais défini comme un Programme figé/définitif, sa valeur réside dans :

- ses intentions : claires, assurées, solidaires;

- ses tentatives (de réalisation) : possibles, envisagées, (ré)évaluées selon les possibles, souhaitables, efficaces qui se font jour.

C'est reconnaître que tout changement social passe d'un état précédent évoluant/transitant vers un nouvel état. Le "Statique" doit se prouver "Dynamique". La société humaine est et gagnerait à être comprise comme "expérimentale"<o>.

Les lacunes<o>

| Par "lacunes", entendons les thèmes ou points peu ou non abordés et qui paraissent indispensables, sauf à soulever de sérieux obstacles prévisibles à la dynamique du changement.

Les délocalisations et la concurrence<o>

Il importe, afin d'empêcher la délocalisation, d'en comprendre le mécanisme, donc toutes ses causes.

Il est insuffisant de s'appuyer sur l'inacceptabilité des ses conséquences pour tenter de la proscrire, - le fait de la déclarer injustifiée au vu de ses effets est une chose, agir sur ses causes est autre chose.

Et là nous touchons au cœur de la difficulté. Parce que nous sommes, bon gré mal gré, dans une économie de marché, avec laquelle des compromis sont nécessaires et doivent d'abord être compris au lieu de raisonner comme s'ils étaient illusoires ou dus à l'immoralité des dirigeant(e)s des sociétés concernées. Quoique nous tentions de différent et d'opposé au règne du Marché, nous sommes contraints de coexister avec lui, et donc toute évolution favorable dépend des modalités de coexistence qui permettent de promouvoir un meilleur état social sans être dominé(e)s par le Marché, une confiance accrue dans la capacité de s'opposer solidairement au Système actuel.

Nous ne pouvons demander à des dirigeant(e)s de société de faire comme si la concurrence n'existait pas. Une concurrence qui concerne les prix de vente des productions, lesquels conditionnent leur écoulement, et aussi la concurrence des salarié(e)s sur le marché du travail, laquelle affecte les charges de personnel.

La notion de "délocalisation boursière" est elle-même limitée. Elle porte bien sur la cause la plus importante, à savoir, l'avidité de profits toujours plus élevés des actionnaires, indépendamment de toute "utilité" sociale dans le lieu de production. Mais elle ne couvre pas les cas où la société dégage réellement des pertes dues à la concurrence, et le problème du "dumping social" reste entier.

Considérer que le Système économique actuel est à supprimer parce que systémiquement "socialement" inefficient et/ou destructeur (ce qui reste une appréciation fondée sur ses effets), c'est une chose; le remplacer c'est autre chose : cela suppose : - d'avoir un Système de remplacement, alternatif (à faire encore, en très grande partie?); et, de toute manière, il faut assurer une transition vers le Nouveau Système (ce qui rejoint la question des "modalités" du changement). Faire (sauf de manière théorique) comme si le Système actuel n'existait plus est donc un "déni de réalité".

La Dette<o>

Partir de l'idée que la Dette (publique/"souveraine") n'est pas mauvaise en soi et qu'elle peut être nécessaire à une relance économique et sociale, c'est une position défendable théoriquement et avec des exemples historiques à l'appui.

Il reste à savoir :

- dans quelles situations, reproductibles (donc présentes et/ou à venir), la Dette a des effets positifs dépassant ses inconvénients; et, a contrario, quels sont les effets les plus néfastes/préjudiciables à long terme (Simplement : "Quelle est la bonne Dette?"; "Quelle est la mauvaise Dette?"

- quels sont les liens, les "articulations" de l'évolution<o> de cette Dette avec d'autres conditions économiques, présentes ou prévisibles. Par exemple, voir quelle peut être l'évolution de cette Dette, en volume et en valeur, en fonction de notre capacité productive et de celle de nos voisins et partenaires économiques, - ce qui conditionne à terme la maîtrise de l'évolution des dépenses publiques ainsi que de la régulation financière et monétaire, - le cas de grande incertitude étant la sortie et/ou l'effondrement de la zone Euro.

- comment vont réagir les épargnants si la Dette n'est plus - au moins partiellement - "honorée"? Car on ne peut ignorer que cette Dette n'est pas seulement au profit des grands capitalistes(= détenteurs de capital), elle concerne aussi, de manière directe et/ou indirecte, tous les autres épargnants [c'est la question, à détailler : "À qui profite la Dette"?]. La plupart d'entre nous détiennent des titres d'État, directement ou par l'intermédiaire de sociétés de placement collectif (en France, les S.I.C.A.V. et Fonds Communs de Placement) ou d'assurance qui placent ainsi une partie du capital à valoriser. Et tous/tes les contribuables sont concerné(e)s du fait que, dans l'ensemble (bien que cela peut être modulé pour que l'accroissement concerne surtout les tranches les plus élevées) la progression des impôts dépend de la variation de la Dette nouvelle tout en maintenant (ou non, en cas d'annulation partielle) le "service" de la Dette, c.-à-d. le paiement des intérêts dus sur la Dette en cours. Donc on ne peut manquer de tenir compte des réactions des moyen(ne)s et petit(e)s épargnant(e)s en tant qu'électeurs/trices, - surtout si on envisage de leur demander de souscrire à un emprunt d'État.

Des assertions "incontournables" :

- La Dette reporte une charge financière sur l'avenir, - donc, si elle se pérennise, sur les générations futures. Elle n'a de justification a posteriori que si l'accroissement de la richesse nationale à laquelle elle a contribué est supérieure à son coût, - ce qui en assure le remboursement. Dans cette situation, le coût de la Dette se trouve compensé et justifié en tant qu'investissement efficient/effectif.

- Le traitement de la Dette a des effets sur la confiance de tous les épargnants.(2)

[Notons aussi que cette analyse vaut aussi s'agissant de l'endettement des pays dits "en développement" et qui se trouvent étranglés par une Dette intenable parce que le développement escompté/souhaité est nul ou trop insuffisant pour en permettre le remboursement ou même le "service".]

La fuite des capitaux

Toutes les mesures défavorables aux investisseurs financiers (fiscales, budgétaires ou boursières) sont susceptibles de provoquer et accentuer la fuite des capitaux. L'importance du phénomène dépend du désavantage évalué relativement aux conditions d'investissement dans d'autres pays. Des mesures de prévention et de sanction sont à préparer et à appliquer d'urgence. Lesquelles?

La non-réponse

| Entendons par là la fuite d'un problème, dans un flou tant sur l'intention que sur un quelconque résultat prévisible.

Le cas extrême est le traitement(?) de la question de l'immigration [p. 57]. L'existence même d'un problème est niée et il suffirait prétendument d'abroger les lois récentes pour rétablir la situation normale/satisfaisante antérieure. (3)

Interrogeons-nous d'abord : "À qui profite une telle dérobade?"

[Voir la discussion plus loin]

Discussion

| Des contre-arguments viennent atténuer/contrecarrer/préciser la force de conviction des assertions faites sur les points forts/faibles vus ci-avant.

Sur : "La cohérence" et "La consistance"

L'effort de mise en forme logique ne peut dissiper une certaine impression de "fourre-tout". Parce que la perspective est déductive et, finalement "statique", - comme un "catalogue"<o> de ce qu'il faut faire.

Parce qu'il manque une perspective effective et dynamique, par la définition de priorités dans un processus "effectivable"/réalisable de changement.

[Un effort toutefois dans ce sens avec les sous-titres "Agir tout de suite" distingué du moins immédiat.]

Sur : "Une conception insuffisante du "partage""<o>

On peut supposer/espérer : - que le/la lecteur/trice a déjà fait son analyse du degré d'égalité (ou d'inégalité) qu'il/elle revendique par rapport à ses Semblables; - que la publicité d'extrêmes inégalités de revenu (bonus, "parachutes dorés" ...) a provoqué récemment au moins un début de conscience socio-politique à cet égard; - que la réflexion sur l'égalité possible et souhaitable relève plus d'une "philosophie" et "sociologie" sociales, - à faire ailleurs (?).

L'"Introduction" est essentielle à ce propos. Elle est le résumé, en bref condensé, des conclusions d'une telle réflexion préalable requise; le/la lecteur/trice qui partage, au moins en intentions, un tel résumé de ce qu'on peut penser de la situation actuelle est prêt(e) à lire avec intérêt l'ensemble du Projet. Les thèmes d'un tel accord d'intentions sont : la conscience d' "inégalités" non-acceptables, l'insuffisance - à cet égard - des mesures politiques prises, la nécessité de rompre avec le "capitalisme financier", et le souci de "réinventer l'avenir" par une "révolution citoyenne".

On peut aussi arguer que la solidarité se "conscientise", se précise, dans les actions et réactions à des situations. À l'occasion de la mise en œuvre des propositions se précisera le degré de solidarité - à augmenter? - qui les soutient.

| Notons toutefois l'impérieuse et immédiate nécessité d'une telle réflexion - collective, approfondie, permanente - si on veut proposer des solutions acceptables/faisables aux inégalités à notre niveau national mais aussi au sein des - et entre les - Régions du monde, y compris dans l'exploitation acceptable ou non de la Nature.

| Notons aussi, comme exemple positif, la revendication novatrice, proposée par la Confédération européenne des syndicats, sur le nombre de fois le salaire minimum que le salaire maximum ne pourrait dépasser. Là nous sommes bien sur un cas concret - le salaire maximum - qui porte la réflexion fondamentale sur l'inégalité (relative, souhaitable/acceptable), et donc la justification[=nécessité de (se) justifier] de la richesse ...

Sur : "L'insuffisante effectivité des propositions"<o>

Le "AUGMENTER LES SALAIRES" se justifie, en finalité, par le "droit au travail, à l'emploi et au repos". Mais, au-delà des principes, l'emploi se décrète-t-il? Le travail et le repos effectifs ne dépendent-ils des conditions économiques, - de l'accès à des ressources suffisantes? Sans doute faut-il faire le lien avec le chapitre suivant "Reprendre le pouvoir aux banques et aux marchés financiers." pour trouver des moyens requis.

Mais encore, comment organiser et prévoir une telle reprise (en vue d'une "maîtrise") du pouvoir économique afin d'avoir les moyens de la politique projetée, compte tenu des possibilités (très limitées par rapport à nos souhaits?) d'évolution socio-politique de nos pays voisins et partenaires? La France, supposée "progressisante" peut-elle aboutir à des résultats tangibles SEULE? Qui et comment, à l'Intérieur comme à l'Extérieur (de la France) faut-il convaincre? et avec qui coopérer (pour avancer dans le sens souhaité)?

La revendication immédiate d'un SMIC à 1.700 euros brut a d'abord et surtout le mérite de faire réfléchir chacun(e) au revenu nécessaire pour subvenir aux besoins jugés "basiques" (du moins, dans notre pays dit développé?), en sachant qu'il s'agit aussi d'une revendication syndicale. Et aussi à chacun(e) de s'interroger : pourquoi, alors que la science et les techniques ne cessent d'évoluer, ainsi que la productivité, le niveau de vie d'une grande partie de la population devrait-il décliner : où sont les erreurs, les blocages, les profiteur(e)s privilégié(e)s, la justification d'inégalités croissantes?

De même, la revendication d'un salaire "maximal", en % du SMIC, amène à s'interroger sur une proportion acceptable dans l'inégalité des rémunérations, - bien que, s'agissant des bénéficiaires des plus grandes rémunérations, le salaire n'en soit qu'une partie de l'enrichissement, auquel il faut ajouter divers autres éléments de rémunération (dont les stock options), et surtout l'accumulation des revenus du capital qu'ils/elles ne cessent d'accroître.

Et une telle réflexion approfondie peut conduire à engager le confrontation entre les dits "partenaires" sociaux sur la question de l'affectation des ressources (issues de la production ou de l'emprunt comme anticipation d'une production à venir) à des emplois visant la satisfaction des besoins des personnes.

Ensuite, il nous faut penser, sans illusion, à ce qu'il sera possible<o> de réaliser, par l'effort et l'effet des nouvelles mesures socio-économiques, dans un environnement plus ou moins favorable, en tenant compte de notre capacité de contestation et de négociation par rapport à nos partenaires économiques et politiques, d'abord en Europe.

Sur "L'"effectivité" des intentions" " et " du "collectif""<o>

On peut estimer qu'un Projet politique n'a pas à traiter - du moins directement - des finalités de la vie sociale. Soit, pour Certain(ne)s, parce que que cela est naturellement l'occupation des dirigeants et de leur entourage, et que les dirigé(e)s n'ont qu'à suivre, apporter leur soutien (plus ou moins induit/forcé?). Soit, pour d'Autres, que la réflexion de fond sur les raisons et buts de la coexistence et/ou lutte sociales est certes souhaitable, mais que cela se situe au niveau personnel et des relations amicales, - aux premiers niveaux de la socialisation.

| Notons qu'il reste la préoccupation d'assurer les conditions mêmes d'une réflexion personnelle, entre amis, dans des groupes sociaux divers. Par exemple, comment des personnes abruties par leurs conditions de travail - ou de chômage - pourraient-elles faire - si cela est souhaité - un travail de réflexion en vue d'une participation politique?

| Notons aussi que, si la "participation" des citoyen(ne)s est souhaitée [ce qui est l'intention du présent Projet]- il faut se préoccuper des pratiques des partis dans cette intention, - la pratique effective, traditionnelle, étant plutôt d'influencer par tous les moyens possibles et ensuite de "mobiliser", - plutôt que d'inviter à la réflexion collective!

Sur : L'"efficacité sociale"<o>

Cette revendication nous situe au-delà du "Combien ça coûte?", "Combien ça rapporte?", - c.-à-d. d'une évaluation en termes pécuniaires/financiers ainsi limitée dans l'utilisation des instruments de mesure et de réalisation du bonheur des personnes.

Une telle revendication, pour abstraite et imprécise (dans son contenu) qu'elle soit, vise bien une satisfaction des personnes en termes de besoins, et non de simple enrichissement pécuniaire/financier, - elle est claire dans sa définition. Ensuite, il reste à définir et à s'entendre sur les besoins à satisfaire, à tous les niveaux, du général au particulier/concret de la vie sociale. Un vaste chantier de réflexions et propositions pour une vie démocratique, "citoyenne".

Le fait de parler d'"efficacité sociale" apporte un point de départ à une critique au-delà, sytémique, allant plus loin que la protestation contre les inégalités et la proposition de correctifs aux inégalités les plus "criantes", - parce que c'est un meilleur bonheur (non défini/limité à ce qu'on "vaut" monétairement!) possible qui est souhaité/visé.

Sans doute faut-il faire le lien avec l'"implication" des "citoyen(e)s" réaffirmées à plusieurs reprises, avec les rejets de plus en plus consensuels de la "marchandisation" de l'existence humaine. Et beaucoup reste certes à (ré)inventer, en intention ET moyens, dans ce grand/vaste Chantier à engager.

Le Système dominant actuel a mis des siècles pour instaurer et perfectionner son mode de fonctionnement. Les critiques, passées ou présentes, de ce Système, notamment celles qualifiées de "socialistes" ou "communistes", ont conduit à des expériences à réévaluer, - leur valeur de changement historiquement tenable/durable est à prouver.

Comment définir et mettre en œuvre un mode alternatif d'organisation socio-humaine contre la loi du profit maximal individuel à court terme?

Sur : "Les "délocalisations""<o>

Les délocalisations sont le phénomène où s'exacerbe l'opposition entre l'efficacité sociale et la recherche du profit. Car, dans les cas extrêmes, la pression des Profiteur(e)s excluant toutes autres considérations, y compris le fait que la société à délocaliser n'est pas en perte, conduit à des situations néfastes, catastrophiques non seulement pour les salarié(e)s de la société, mais, au-delà, sur le "bassin d'emploi", et désorganise tout projet d'aménagement du territoire.

La nécessité du recours aux capitaux pour financer le développement amène à leur reconnaître aux sociétés leur utilité tout en considérant qu'elles sont plus ou moins "vertueuses" ou, au contraire, "perverses" et à tenter d'agir envers elles en conséquence. Ainsi la proposition de "modulation de l'impôt sur les sociétés" selon leur vertu. C'est déjà un pas d'imposer quelque "vertu" par référence au principe d'"efficacité sociale" à des mécanismes dont le moteur premier/foncier est amoral.

Plus largement, il importe de concevoir et appliquer tous moyens permettant d'exiger une telle vertu. S'agissant des "pôles" financiers, il faut déterminer comment leurs capitaux constitutifs sont gérés et comment les autres capitaux "externes" contribuant aux missions de ces "pôles" restent soumis à des obligations de comportement et de résultats. En veillant à ce que les fonds publics ne servent pas seulement à accroître les profits privés.

| Tout progrès - pour limité qu'il soit - dans ce sens est indispensable sur le long terme. Car sans maîtrise de ces flux financiers il restera impossible de les évaluer et puis de les réorienter, - et l'impuissance à en modifier le cours renforcera le fatalisme - déjà fortement ressenti - des populations, - et réduira d'autant leur soutien au Changement.

Sur : "La fuite des capitaux" et "La "spéculation""<o>

La réforme du système bancaire, en séparant les activités utilisant les "dépôts" des épargnants (pour accorder des crédits aux entreprises et aux particuliers) des activités financières spéculatives, assure un certain "matelas de sécurité", - les activités "de dépôt" étant orientées vers l'économie "réelle" pour la satisfaction de besoins (plus ou moins clairement) déterminés (le Logement ...), directement ou par l'entremise des "pôles" financiers.

L'importance, l'acuité de ce problème dépend : - des nouveaux besoins à satisfaire; - du traitement de la Dette [v. ci-avant], - de la confiance "restante" disponible.

Alors, le recours à l'emprunt public est, certes, limité et d'un rendement incertain (en raison de la méfiance des détenteurs d'épargne envers le gouvernement, notamment quant au traitement de la Dette); toutefois, une partie des épargnants peut considérer de son devoir de contribuer à l'effort national et que ce placement n'est pas beaucoup moins assuré et rémunérateur que s'il/elle souscrit à des emprunts d'autres États qui peuvent aussi se trouver en difficulté, déjà maintenant ou dans un proche avenir.

Ce qui suppose cependant qu'ils/elles estiment ne pas s'exposer à la perte "sèche" de leurs placements, et donc qu'ils/elles aient confiance dans la capacité d'État français à rembourser ces emprunts, - pour le moins, en cas de "moratoire" modifiant les conditions de l'emprunt, que cette mesure reste temporaire et qu'ils/elles récupèreront in fine au moins en montant (si possible actualisé selon le cours de l'inflation) les économies ainsi placées.

En outre, les recours suivants renforceront la confiance par l'expression, plus ou moins affirmée certes, d'une solidarité qui fait que l'État français n'est pas privé d'apports extérieurs à des taux d'intérêt non exorbitants :

- le recours à des prêts directs de la BCE;

- le recours à la mutualisation de la Dette par les "euro-obligations"[= "eurobonds"].

Quant aux investisseurs financiers qui ne cherchent qu'à extorquer des rendements exorbitants et spéculer en déstabilisant leurs proies, leur fuite - pour gênante qu'elle puisse être à court terme - n'est pas à regretter car leur prédation n'est à terme que néfaste, perturbante et destructrice quant à l'évolution économique comme politique.

Reste à maîtriser les effets pervers et déstabilisateurs dus à l'effectivité des paradis fiscaux(4). L'objectif de "blocage des échanges avec les paradis fiscaux" [p.30, p.35] a la force d'une évidence nécessaire. Mais comment y parvenir? Par quelle réforme des mécanismes financiers actuels et par quels accords et/ou contraintes dans les échanges avec les pays les abritant?

Sur '"La non-réponse"'<o>

Notons que, dans l'exemple du traitement de l'Immigration, auquel une page spécifique est consacrée pour l'évacuer, on peut faire le lien entre cette question et le "codéveloppement" qu'on peut trouver p. 32, p. 40, p. 52, et comme "coopération", p.74. Et ensuite, se dire que, effectivement, il n'y a plus de problème posé par l'Immigration - la cohérence d'ensemble étant assurée - quand/si/lorque le "codéveloppement" des autres pays de la planète est assuré, et que donc les Étrangers/ères n'ont plus d'impérieuse nécessité d'émigrer pour survivre.

Mais cela exige du/de la lecteur/trice un gros effort de "rapprochement" de diverses parties du texte, - c'est une limite à l'atout de "cohérence" cité ci-avant. Retenons : La solution des poblèmes liés à l'Immmigration est possible - et n'est possible que - s'il y a codéveloppement mondialisé!

Sur '"L'insuffisante dynamique du changement"'<o>

Le préoccupation de "dynamique" s'impose surtout lorsqu'on a fait une 1ère étape dans le sens, l'orientation projetée; quand on dispose de premiers effets/résultats, à évaluer et à partir desquels re-prévoir, avec les réajustements nécessaires, l'étape suivante. Encore faut-il être déterminé(e) et se donner les moyens, matériels et humains, de mener à bien cette tâche.

Au mieux, selon une conception parfaite, globale, du changement social, il convient de fonder tout Projet sur l'analyse de la structure et du fonctionnement de l'état socio-économique existant qui est préalable à l'effectivation des mesures projetées. L'essentiel étant d'assurer une capacité de TRANSITION entre ce qui existe et ce qu'on souhaite et prévoit de faire exister.

Conclusion prospective<o>

Le Devenir d'un tel Projet dépend, pour sa crédibilité, des exigences :

- constituer une conscience du "partage", facteur de cohésion des revendications et de solidarité dans les épreuves;

- tenter d'assurer, dans le déroulement des faits du changement, l'effectivité des décisions souhaitées;

- engager une coopération et une force de négociation dans le rassemblement de toutes les forces politiques contributrices de l'élan vers le Pouvoir, de la capacité de mettre en œuvre tout ou partie du Projet, tant en France qu'au niveau Européen et au-delà.

- manifester la capacité de se réapproprier le Politique, à la fois comme préoccupation des citoyen(ne)s (= réduire la dépolitisation) et comme instances exerçant un Pouvoir socialement déterminé et déterminant.

Ces exigences impliquent la capacité à surmonter des insuffisances et des déceptions, tant qu'on évite des compromissions nuisibles au sens même de la démarche de Progrès que le Projet veut réaliser.

Un tel projet promeut l'un des grands "Modèles de société"(5) qui doit prouver son effectivité dans l'Avenir.

Dans la mesure où le Projet est en rupture "systémique", il est certes "utopique", au meilleur sens du mot. Insuffisamment, diront certain(ne)s, puisqu'il manque l'élaboration d'une une vraie conscience du partage - de solidarité dans la critique permanente de l'Existant en changement (en tant qu'expériences vécues, mécanismes de constitution de la richesse et des modes de pouvoir), - à faire.

L'impulsion dans cette voie se manifeste par la réaffirmation dans le texte du souci de mise en commun de la réflexion favorisant l'engagement participatif. Dans la mesure où il peut orienter, impulser ou au moins favoriser, une Transition vers Autre chose [=Alternative], il est "Utopique" en tant que créateur/porteur d'innovation socio-humaine.

= = = = =

N o t e s

[1] Ce dit "libéralisme" économique<o> se sert du mot "liberté" sans poser la question : la liberté de qui? Chacun(e) comprend que le manque d'argent, pour consommer ou épargner en vue de satisfaire les vitaux (alimentation, habillement ... achat d'une maison), réduit considérablement la liberté des personnes. Ce système consacre la Puissance des détenteur(e)s de la richesse qui imposent les conditions de rémunération des ressources en capital nécessaires à l'emploi des salarié(e)s, lesquel(le)s, privés d'emploi, se trouvent sans moyens de subsistance.

Alors chacun(e) se dit qu'il/elle doit s'efforcer de gagner le plus possible d'argent ou, à défaut, se résigner à une liberté restreinte. Et la question se fait jour, pour autant qu'on s'en sente capable : suis-je prêt(e) à parvenir à la richesse qui me procure un degré acceptable de liberté effective - c'est-à-dire de capacité d'agir pour mon bien-être - par n'importe quels moyens?

Les défenseurs d'un tel Système économique - lequel génère des moyens financiers servant à l'imposer aux décideur(e)s "politiques", y compris par la corruption - cherchent à l'imposer<o> à l'Opinion publique par : - l'humiliation des perdants et exclus (le plus souvent implicite, insidieuse); - l'incitation au "capitalisme populaire" :

- Ainsi on veut nous faire croire que si nous n'accédons pas à la richesse émancipatrice, ce n'est qu'à cause de nos défauts et insuffisances personnelles (de compétence, d'intelligence, d'ardeur au travail ...), parce que nous ne le méritons pas, - ce qui justifie - a contrario - la réussite financière personnelle obtenue par n'importe quels moyens.

- Ainsi on veut faire de nous tous/tes des capitalistes en faisant acquérir des valeurs côtées en Bourse à la quasi-totalité (de manière directe ou indirecte) de la population, ce qui fait assumer par chacun(e) le conflit d'intérêts entre la valorisation boursière de l'épargne (par la recherche du plus grand profit distribué aux actionnaires), et le bien-être des travailleurs/ses (selon la rémunération et les conditions de travail).

Alors que :

- C'est le simple Pouvoir de l'Argent <o>détenu qui, à un niveau élevé de richesse, explique quasi-exclusivement l'accroissement cumulatif de la richesse. Le revenu de tels grands capitalistes est hors de proportion avec la rémunération, et donc la justification, d'un quelconque travail, - ces personnes s'enrichissant toujours plus en ne faisant, parfois exclusivement, qu'appel aux services des spécialistes rémunéré(e)s et récompensé(e)s de l'ingénierie financière. Un tel enrichissement personnel, dans cette haute sphère de la Finance mondialisée, peut être qualifié, du point de vue des revenus, de pur "enrichissement sans cause"(autre que l'état de richesse), puisque injustifiée par une quelconque compétence exercée personnellement. De manière plus générale, se pose, à tous les niveaux, la question de la proportion, acceptable ou non, de la répartition des richesses produites entre les acteurs économiques, c'est-à-dire des conditions de leur partage avec un degré acceptable d'inégalité selon la contribution de chaque acteur à la production effective. Ce qui peut être évalué globalement, dans la comptabilité nationale, par la répartition des revenus produits entre le Capital et le Travail.

- Si les "petits porteur(e)s"<o> (de valeurs mobilières) sont bien, au sens strict, des "capitalistes" puisqu'ils perçoivent des revenus issus de valeurs mobilières, les bénéfices qu'ils en retirent sont hors de proportion, en termes d'avantages comparés aux inconvénients, à ceux réalisés par les très hauts revenus, - lesquels sont accrus par l'évasion fiscale ou même l'occultation des revenus abrités et fructifiant dans les paradis fiscaux. [Par "hors de proportion" entendons qu'il s'agit de montants très faibles, s'agissant des "petits porteur(e)s", en comparaison des grands bénéficiaires, et que le rapport avantages/inconvénients est nettement défavorable aux "petits porteur(e)s" - lesquels gagnent leurs revenus principaux par leur travail - et, de surcroît, la proportion reste difficile à préciser vue l'opacité volontaire du processus d'enrichissement.] Alors que la grande majorité des épargnants se préoccupe principalement d'assurer la valeur de leur épargne, d'abord par rapport à l'inflation, les "grands" capitalistes n'ont d'autre but que l'accroissement de leur richesse sans autres limites que celles dont la "dérégulation", qu'ils prônent, doit les débarrasser.

L'interrogation<o> peut aussi se porter sur le bien-fondé, l'utilité des Pouvoirs Financiers ("mondialisés" maintenant) dont l'ingénierie financière constitue la compétence. Du point de vue de leur finalité, le seul But étant le profit maximal (le plus souvent à court terme) des très riches détenteur(e)s de capitaux. Du point de vue même de leur efficacité en tant qu'appliquant des techniques de gestion économique, lorsqu'on est obligé de reconnaître combien de manipulations financières sont "déconnectées" de ce qu'on désigne aujourd'hui comme "l'économie réelle", - tout en engendrant, que ce soit par effet pervers ou par déficience, la désorganisation socio-économique? Et, finalement, la "liberté", dans ce Système, c'est surtout la liberté de dominer par la puissance de l'Argent?

Un tel mode d'organisation socio-économique vise, et réussit en grande partie à conquérir sur la planète, la domination d'un groupe infime en nombre sur les populations auxquelles il s'impose (catégories sociales ou peuples et nations). Le défi des personnes qui se jugent lésées par une telle domination et comprennent qu'un tel Système est défaillant dans son principe même, c'est d'inventer un mode de fonctionnement politique et économique (l'économique ne s'asservissant plus le politique) alternatif, réalisable s'il s'appuie sur des solidarités nouvelles, ou renforcées et effectives, portant des finalités sociales ..., - à faire?

[2] Même pour un pays "développé" comme la France, des mesures de "moratoire" et/ou d'annulation (partielle?)<o> de la Dette ne peuvent être exclues, en cas d'extrême difficulté et d'épuisement de tous autres recours disponibles.

Elles devraient s'accompagner de mesures de protection de la petite épargne. Par exemple, les bons du Trésor français contenus dans les portefeuilles des S.I.C.A.V. et Fonds Communs de Placement devraient être garantis, c.-à-d. exclus de la partie annulable de la Dette. Il resterait cependant à protéger les petit(e)s épargnant(e)s des effets indirects de l'annulation sur la valeur boursière des actions des entreprises. En particulier s'agissant des plans d'Épargne Retraite. [Il faudrait éviter à tout prix ce qui est arrivé aux États-Unis où, lorsque la société E.N.R.O.N a fait faillitte, les employé(e)s qui avaient investi leurs économies dans le plan d'Épargne Retraite de leur société ont tout perdu, leur emploi et leurs économies en vue de la Retraite.] Et aussi en matière d'assurance, notamment d'assurance-vie qui constitue un autre moyen de faire valoir ses économies, pour soi-même ou pour ses proches.

Elles devraient être expliquées et justifiées pour rétablir la confiance des citoyen(ne)s dans la parole d'un État qui aurait ainsi - même partiellement - fait défaut. Car aucun système économique n'est concevable sans l'apport de Capital dont la constitution résulte d'une production de richesse dont une part est soustraite à la consommation actuelle afin de contribuer à la production des nouveaux biens et services à venir.

| L'exemple argentin récent est souvent invoqué pour montrer l'efficacité d'une annulation (partielle) de la Dette. Le Gouvernement a décrété le moratoire [= report de l'exécution des clauses des emprunts] et a proposé aux créanciers un "accord de renégociation" de la dette, c.-à-d. le remboursement d'une part (en %) seulement de la créance. Beaucoup ont accepté la transaction, préférant encaisser maintenant ne serait-ce qu'une partie de leur apport plutôt que de garder des créances dont le remboursement final resterait incertain.

Mais il semble que les plus affectés, dans ce processus, ont été les Argentins dans leur grande majorité, y compris les petits épargnants, plus que les gros détenteurs de capitaux(?) Cependant, du fait de partir d'une situation économique assainie on peut prévoir une amélioration, au moins à moyen terme, du sort de l'ensemble de la population(?)

| L'Islande est un cas exemplaire du refus de la population, démocratiquement consultée, de rembourser des dettes envers les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Très vite consciente du risque de "faillite", elle a protégé les petits porteurs et laissé les agents spéculateurs encaisser des pertes. Une importante dévaluation de sa monnaie lui a permis de reprendre ses exportations. La prise de conscience du grave dysfonctionnement subi a conduit à une révision des règles régissant les activités bancaires et à une proposition de révision constitutionnelle.

| L'exemple grec met en évidence le maintien d'énormes profits à faire par les Financiers car le "plan de sauvetage" s'accompagne d'une braderie massive des biens de l'Etat (Poste, ports, entreprises d'eau), - et il est même envisagé de livrer des îles à la spéculation!

[3] Cette non-réponse à la question de l'immigration<o> est un modèle de (dé)négation d'un problème. On commence par dire que c'est un faux problème; ici on est plus catégorique/simpliste encore : "L'IMMIGRATION N'EST PAS UN PROBLÈME"(?!).

Ensuite, au cas où des esprits chagrins y voient encore un problème, on dit que s'il y a problème c'est du fait de nos adversaires : "immigré(e)s ... dont le nombre a augmenté du seul fait des réformes de la droite."(p. 57)! On veut bien comprendre que les mesures restrictives/contraignantes récentes aient pu être "inefficaces", mais qu'elles aient aggravé les choses, cela mériterait quand même quelque explication! - Mais, dire qu'elles ont été inefficaces amènerait à penser qu'il faut faire quelque chose de mieux, ce qui est contraire au présupposé que le problème n'existe pas, qu'il n'y a donc rien de nouveau à faire après l'abrogation des lois castratrices! On se dispense ainsi de prouver qu'il n'y a PAS de problème!

[Pour citer un autre exemple de dénégation actuel : chacun(e) sait, dixit Assad, qu'actuellement en Syrie il n'y a aucune contestation du "Peuple", et que s'il se passe quand même quelque trouble, ce ne peut être qu'un complot ourdi par l'Étranger!] Vraiment triste!

[4] La lutte contre les paradis fiscaux<o> est autant ardue que nécessaire parce que :

- Ils perturbent/désorganisent tous les échanges financiers et donc les tentatives de réajustements de l'économie internationale "réelle" par les organismes internationaux (Banque Mondiale, FMI ...), - lors même que ces organismes visent des objectifs que nous pourrions reconnaître "vertueux". En particulier, ils déstabilisent les marchés des matières premières, par une spéculation qui, alimentée par ces paradis fiscaux, reste largement incontrôlée/incontrôlable (denrées agricoles et énergétiques, gisements de minerais ...); un phénomène tendant à s'aggraver en raison des tensions croissantes sur la répartition de biens naturels rares indispensables dans notre civilisation mondialisée.

- Ils constituent, en volume, une énorme capacité de déséquilibrer à l'improviste l'offre et/ou la demande sur tous les marchés. Certaines évaluations font état d'un volume de capitaux financiers abrités dans - et agissant à partir - des paradis fiscaux comme supérieurs aux fonds identifiés comme servant l'économie "réelle". Toute une économie "souterraine"/"invisible"(dans ses sources fluctuantes) d'autant plus "im-maîtrisable" qu'elle est à la fois "opaque" et en perpétuel passage, en va-et-vient, vers et en provenance de l'économie "visible", - une "passoire" à tous les trafics sur la planète.

On peut se dire que ce défi est - ce qui en mesure la difficulté - l'Indice, le Test de la capacité à s'orienter vers une meilleure organisation de la société humaine, globale, car le succès exige :

- une transparence des mécanismes d'acquisition et de fructification de la richesse, y compris la traçabilité s'agissant de fortunes dont les possesseur(e)s sont identifié(e)s;

- une volonté partagée d'empêcher des mécanismes économiques "im-maîtrisés" de faire obstacle aux projets de développement durable;

- l'accord entre pays, y compris entre Régions de la planète, pour qu'une telle Régulation n'échoue pas sur des revendications nationalistes.

[C'est la mise à l'épreuve de l'humanité capable ou non de se donner les moyens efficients et effectifs de réaliser quelques Buts partagés, communs à l'ensemble des habitants de la planète.]

[5] Par "Modèles de société"<o> entendons les "Mécanismes" qui s'exercent dans la sphère économique et influent sur - comme ils sont influencés par - d'autres déterminants de l'état "Social" au sens large, disons "sociétaux". Ainsi l'Économique se relie au Politique, - même si c'est pour constater, au temps présent, combien, avec l'hégémonie de l'[ultra-]libéralisme, le Politique est dépendant du Capitalisme financiarisé, globalisé!